Ce bouquin c’est une lourde porte à deux battants qu’il faut pousser franchement pour bien se rendre compte de ce qui se joue à l’intérieur.
On ne reste pas sur le seuil, il faut aller jusqu’au transept, traverser la nef en enjambant les sacs de couchage et pourquoi pas proposer son aide pour les lessives. Hé oui, 300 personnes vivent là et blanchir le linge ne se fait pas par opération du Saint-Esprit! Il y faut du savon, le parfum du lavandin et surtout le bon tambour qui fait ses 800 tours/minute sans suinter du joint.
Saint-Bernard est occupé, et son Église est pleine. Les familles se sont trouvé un nom : sans-papiers. Un nom de famille. D’ailleurs, on jurerait assister au repas dominical de n’importe quelle souche française !
Cet opus très oral (pas choral, non ; les chorales sont bonnes pour les églises!) fait un écho européen aux palabres des Cocoaïans. Qu’on l’engloutisse par rasade ou qu’on la suce comme un vieux rhum, la prose de Gauz en impose. Alors, ouvrons les portes en grand : laissons entrer les Black Manoo, les Camarade Papa, et les éternels étudiants de tous les Grands Boulevards.
C’est cette cohorte qui nous guidera, nous rappellera d’où nous venons tous.tes autant que nous sommes et nous indiquera sur quel parvis ensoleillé nous pourrons effrontément poser nos derches.
Pour bronzer un peu et devenir moins blanc.
Les Portes de Gauz
Le Nouvel Attila, 192 p.
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